Je suis…

Je suis agricultrice.

En avant pour le paillage!
Cueillette des amélanches

Il n’y a pas si longtemps, je préférais dire que j’étais jardinière-maraîchère, parce que cela me paraissait plus approprié aux petits espaces que je cultive. Et puis un jour, j’ai lu que le mot « agriculture » éthymologiquement signifiait « honorer la terre ». Ces mots-là me sont allés droit au coeur. Alors oui, je suis agricultrice , j’embrasse le mot à bras ouverts, ainsi que la mission d’honorer la Terre!

J’honore la Terre en prenant soin d’elle, de la Nature présente sur mes terrains, en oeuvrant pour elle du mieux que je peux, avec respect et amour. Honorer la Terre, la Nature, c’est aussi accueillir pleinement, le coeur ouvert, avec une gratitude sans cesse renouvelée, sa générosité, tout ce qu’elle a à m’offrir, à nous offrir. Et plus j’avance, plus j’en accueille et découvre, de ces dons de la Nature !

Bien sûr, j’ai commencé par cultiver des légumes et des fruits (et par planter des arbres!), mais j’ai aussi fait la part belle aux sauvageonnes (souvent bien mal-aimées, et que d’autres nomment « mauvaises herbes »). En Indonésie, où j’ai vécu 9 ans, j’étais déjà émerveillée de voir toutes ces plantes nourrissantes ou médicinales sur lesquelles j’essayais d’éviter de marcher (pas facile, il y en avait partout!!), et cette fascination m’est restée. Mon jardin est donc plein d’herbes, à tous les stades. Eh oui, je « cultive » en quelque sorte les sauvageonnes, en leur permettant de grainer et de se reproduire. Je les mange (elles sont souvent bien plus nutritives que les légumes cultivés) et les fais découvrir avec plaisir… (Bon, j’avoue qu’il y a « mes » sauvageonnes, mais aussi d’autres herbes qui prennent un peu trop de place!). J’adore la surprise de voir surgir toutes ces plantes où et quand elles le veulent. C’est la même chose pour les légumes cultivés que je laisse se ressemer tout seuls : ils repoussent aux endroits qui leur conviennent, quand c’est le bon moment pour eux, adaptés à ma terre et au climat d’ici. Graines d’une agriculture naturelle… de résilience…

C’est un jardin en constante évolution, où la biodiversité s’installe et s’enrichit au fil du temps… Où la création et l’intégration de lieux de vie contribue à des interactions bénéfiques et harmonieuses… Un jardin qui m’est confié pour un moment donné, où je suis plus co-créatrice que propriétaire…

Des fleurs, des insectes, des oiseaux, des bêtes plus ou moins grosses vivent ici ou viennent régulièrement visiter les jardins… Nourrissent et font sourire mon coeur et mon âme de leur beauté, de leur ingéniosité, de leur grâce…

La Terre, en particulier mon Jardin, me porte (dans tous les sens du terme), me prodigue des soins, me donne de l’énergie, m’ancre dans mon corps, élève mon âme, me met en connexion avec mon pouvoir, ma puissance en me faisant sentir cette énergie qui émane de tout ce qui vit… Et je suis convaincue que moi aussi je la nourris de mon amour, de la joie qu’elle me procure, de ma gratitude, des énergies que déposent les gens qui y viennent… Mon jardin-cathédrale…

J’ai choisi de cultiver plus qu’un monde matériel, de cultiver aussi un monde de ressentis, un monde spirituel, d’énergies subtiles… Où je vis tous les jours petits miracles et moments de magie…

Mon Jardin me ressource, à chaque instant. Y être agricultrice, ce n’est pas un « travail », c’est une façon d’y vivre, dans la simplicité, avec joie et amour, de m’y découvrir, d’y apprendre, d’y accueillir, de faire ma part dans la préservation du trésor merveilleux qu’est cette Création…

Valérie